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Le jardin d'Halloween

Chaleureuse en diable et originaire des tropiques sans aucun doute, la citrouille aime la moiteur, l’humidité régulière, plus que la grande chaleur. Cetet page vous donne toutes les clés pour être équipé à Halloween, et pas seulement !

On connaît sa température optimale de croissance, entre 18 et 24°C. Au-dessus ou au-dessous son développement se ralentit. Un peu comme la tomate de mêmes exigences, mais dont la taille du fruit se limite. Point notre citrouille : en Amérique du Nord, comme dans certaines contrées au climat continental, on peut ainsi espérer le maximum de jours de températures idéales où le fruit ne cessera de grossir. Les nouveaux records du monde américains dépassent 1000 livres pour un seul « pumpkin » soit près de 500 kg ! Les mêmes variétés en France permettent difficilement d’approcher les 100 kg.

La citrouille affectionne les sols riches. On les voit dans nos campagnes prospérer sur les tas de fumier où les graines aiment à se perdre, trouvant là richesse en matières organiques, humidité et chaleur de fond régulières.

L’eau au pied ne doit pas stagner. Il faut enfin prévoir une exposition au soleil, protégée des vents froids.

Signalons enfin que les variétés sont plus ou moins coureuses, c’est-à-dire que leurs tiges s’allongent plus ou moins. Nous précisons ce point important pour chaque variété, car il faut prévoir la place en conséquence.

Voici pour les généralités, entrons maintenant dans les règles de culture.

Préparation du terrain

Nous venons de le voir, la plupart des variétés sont coureuses, voire très coureuses. C’est à dire que les tiges sont longues et rampent au sol, une seule plante occupera donc une place importante au jardin. Pour les variétés à fruit petit ou moyen, comme le Potimarron, on peut prévoir de planter le long d’un grillage, où les fruits pourront grossir suspendus et à l’abri des pourritures.

L’emplacement étant choisi, il faut absolument préparer le sol à recevoir notre hôte. Dès l’automne précédent pour les sols lourds ou en fin d’hiver pour les sols légers, on bêchera le sol profondément en incorporant du fumier de bovin composté, produit facile à manipuler qui ressemble, pour les produits les mieux élaborés et les plus performants, à du marc de café. Selon le produit, on apportera la quantité maximum indiquée, sans exagérer ce qui renforcerait les attaques de ravageurs et nuirait à la conservation des fruits. On devra éviter de cultiver chaque année au même endroit pour éviter un appauvrissement du sol et une accumulation des parasites, comme le mildiou.

Semis

En France, seul le Midi permet de planter mi-avril. Ailleurs, il faudra attendre début mai, afin de respecter le compte à rebours des gelées d’automne. La vie de la citrouille est réglée comme du papier à musique.

La plantation est donc prévue début mai, c’est-à-dire après les « Saints de glace » dont les nuits risqueraient de ruiner nos espoirs. En conséquence il faut procéder au semis fin avril-début mai, lorsque les jours allongent vraiment et qu’une bonne luminosité peut être assurée. Mais rien ne presse : un semis jusqu’à fin juin assurera une récolte à mi-octobre pour la plupart des variétés, toutefois il ne faudra pas espérer battre des records de taille !

Semez sous châssis, en mini-serre ou tout simplement près d’une fenêtre bien exposée.

Utilisez un godet de tourbe, de terre cuite (c’est plus joli) ou de plastique, on appelle cela un semis en poquets. Ou même une boîte plastique suffisamment profonde.

Utilisez un substrat extrêmement léger. Pour la bonne raison que notre jeune citrouille ne restera que très peu de temps à l’étroit. Contentez-vous d’un terreau spécial semis ou un terreau horticole tamisé, mélangé à de la perlite et de la vermiculite en parts égales (ce sont des matériaux isolants). Car mieux vaut à ce stade assurer une humidité régulière qu’une alimentation riche.

Les graines seront placées à plat ou pointe en haut, pour que la jeune racine sorte facilement. Recouvrez-les d’1 cm de terreau spécial semis ou de terreau normal que vous tamiserez au-dessus du pot. Arrosez copieusement mais délicatement, ce qui n’est pas une opération facile. À défaut d’une bonne pomme d’arrosoir fine, mieux vaut utiliser un pulvérisateur de jardin ou arroser plusieurs fois par le bas, afin de ne pas bousculer les semences. Vous mettrez 1 seule graine par pot, ou une graine tous les 10 cm en mini-serre ou en boîte.

Placer le semis à une température de 25-28°C. La température peut monter dans la journée, mais ne doit pas descendre la nuit (attention aux bords de fenêtre !).

Au bout de quelques jours la graine germe, c’est-à-dire que la radicule élève la graine hors du sol, puis les cotylédons s’étalent. Ensuite, la jeune plante sort une feuille, puis une deuxième et il faut la préparer doucement à affronter les conditions extérieures en l’aérant le plus possible.

Le semis direct est possible, si cela vous tente voilà l’occasion de pointer vers notre rubrique « La bête à concours », et pourquoi pas y trouver l’esprit de compétition !

Plantation

À la troisième feuille bien étalée il faut planter, les racines étant alors assez développées. Mais attention, il faut absolument planter la motte entière et non à racines nues.

Plantez à 1,50 m en tous sens, sans mésestimer la vigueur à venir. Plantez dans un trou ménagé dans le sol préparé à l’avance, en apportant un peu de terreau dans la terre du trou. En terrain lourd, plantez un peu haut, en terrain sec, au niveau du sol en ménageant une cuvette. Arrosez au goulot copieusement chaque plant, même s’il pleut, pour chasser les bulles d’air et bien tasser la terre. Et si notre plantation a lieu à proximité d’une végétation importante, apportez en pluie des granulés anti-limaces. Si vous le pouvez, couvrez le plant d’une cloche de maraîcher posée sur 3 briques, c’est beau et efficace pour accélérer les premiers stades de croissance. Sinon, nos chances sont intactes !

En cas de vent dominant, n’hésitez pas à poser un paravent rudimentaire au départ.

Culture et Récolte

Arrosages

Ensuite notre citrouille livrée à elle-même demandera peu, avant tout de pourvoir en arrosages ce que le ciel ne fournirait. Il faut éviter de mouiller le feuillage pour éviter la propagation des maladies, notamment le mildiou et l’oïdium. Il faudra restreindre les arrosages fin août, de façon à ne pas fragiliser les fruits bientôt récoltés.

Ensuite il faut maintenir le sol propre des herbes concurrentes, par un binage léger qui permet de plus à la plante de bien profiter de l’eau du sol : selon l’adage « un binage vaut deux arrosages », c’est-à-dire qu’il permet en cassant la croûte superficielle de créer par cette surface émiettée un contact maximum avec le sous-sol dont l’eau (et les substances nutritives) remonte par effet de mèche avec l’air sec de surface.

Marcottage et paillage ?

Lorsque la plante est bien développée avec de longues tiges, le marcottage est une technique favorable. Recouvrez chaque tige d’une pelletée de terre en son milieu, des racines vont rapidement apparaître pour ancrer la plante à ce niveau et la nourrir.

Dans les régions très chaudes, un paillage classique est favorable, plante par plante ou pour tout un rang, mais alors attention aux limaces qui trouvent là un abri inespéré. L’idéal étant de pailler après avoir marcotté une tige ainsi bien armée contre la sécheresse.

Maladies et ravageurs

Notre citrouille attire malheureusement quelques maladies et ravageurs. En dehors des précautions à l’arrosage dont nous avons parlé, il convient de surveiller les attaques d’acariens (« araignées rouges ») et de pucerons et d’y apporter le remède qui convient.

Travaux d’été

Vous supprimerez au besoin les fleurs dès que le ou les premiers fruits seront formés, afin de tenter de battre des records ! En tout cas vous pourrez prélevez bon nombre des fleurs mâles (reconnaissables à leurs étamines) pour les accommoder en cuisine, les fleurs femelles (qui se transformeront en citrouille) trouvant toujours assez de pollen.

La taille est d’intérêt limité. Elle accélère la venue des fleurs pour les régions à été court ou si l’on a planté tard. Pincer alors au dessus de la deuxième vraie feuille, juste après la plantation. Le pincement deux feuilles au-dessus du fruit permet aussi un grossissement accéléré.

Si l’envie de battre des concours vous tente, vous pratiquerez régulièrement des pulvérisations d’engrais foliaire complet.

Vous pouvez aussi en cours de grossissement, lorsque l’écorce du fruit commence à se former, sculpter et graver le fruit avec les outils adaptés. Le nom ou le dessin ainsi ébauché prendra à la récolte un visage particulier…

Récolte

Selon la patience de chacun, on posera les fruits déjà grossis sur une pierre plate, une tuile ou une brique afin de limiter les pourritures.

L’été finissant de s’étirer paresseusement, les premiers signes de dessèchement du feuillage vont apparaître. Les premiers fruits seront récoltés pour retrouver en hâte les saveurs oubliées de l’automne précédent. Mais les premiers peuvent attendre les derniers, puisqu’ils sont appelés à se conserver pour la plupart tout l’hiver. Un fruit mûr prend sa couleur définitive et sonne clair au tapotement.

Cultures associées

Les cultures associées peuvent être envisagées, dans un petit jardin comme en plein champ. Le maïs, de même origine géographique, retrouvera avec plaisir la citrouille au potager. Le maïs la protégera du vent, on pourra même y faire grimper du haricot, comme le fameux haricot tarbais, nécessaire au vrai cassoulet… toulousain, encore appelé haricot-maïs. La haricot fournira l’azote dont citrouille et maïs sont friands. Le tournesol, associé pourquoi pas aussi au haricot, pourra remplacer le maïs. Le tout doit être semé en place, les haricots en dernier. Inutile de préciser qu’un sol préalablement amendé est nécessaire à une bonne cohabitation.

Le facteur limitant

Il ne s’agit pas d’un collègue oublié du facteur Cheval, mais de LA notion fondamentale du jardinage. Et la culture des citrouilles n’y échappe pas, bien au contraire.

Pour qu’une plante ait la meilleure croissance possible, tout ce qu’elle reçoit –ces fameux facteurs- doit être à la fois favorable, équilibré et constant : la qualité de la graine, la température, la lumière, l’eau, la nutrition, etc, etc… Un excès peut provoquer les mêmes conséquences qu’un manque, car les autres facteurs, jusque là à juste dose, viennent à leur tour à manquer…

Et qu’un seul de ces facteurs vienne seulement à vaciller une fois en cours de culture, la croissance ralentit et il peut même y avoir blocage définitif : une petite gelée matinale, un arrosage oublié, une canicule, un automne trop précoce, les rêves de record s’envolent, mais n’ayez pas peur, le plaisir du jardinage reste intact !

De la citrouille en pot

Vous êtes en ville, vous manquez de place ? Vous désespérez de faire vous aussi votre « Jack-O"Lantern » ! Nenni, votre bout de balcon ou votre terrasse va se transformer en lieu de culture original.

1 / choisissez plutôt une variété à gros fruits, en tout cas sachez que dans ces conditions la taille du fruit sera plus petite qu’en pleine terre.

2 / choisissez une belle poterie, en terre cuite plutôt d’un diamètre d’au moins 30 cm (une poterie en plastique, certes sans charme, a le mérite de mieux retenir l’eau en plein soleil)

3 / remplissez d’un mélange riche, pas compliqué : 2/3 de terreau de rempotage et 1/3 d’amendement organique en sac. Semez en place ou repiquez votre petit plant. Placez le pot à mi-ombre ou au soleil du matin.

4 / si vous disposez d’un arrosage automatique au goutte-à-goutte, placez un goutteur au pied.

5 / reportez-vous à nos conseils de culture, et contemplez chaque jour ses progrès.

6 / une précaution essentielle : évitez aux tiges de courir au sol sur un support brûlant en plein soleil mais plutôt parmi d’autres plantes de votre eden ou à mi-ombre. Le soleil peut tout brûler, même votre ardeur à réussir !

L'hybride F1

Ni magie ni manipulation génétique dans ce terme technique. Ces hybridations permettent simplement de faire ce que la nature aurait pu faire elle-même un jour, peut-être…

D'abord, qu'est-ce qu'un hybride ?

En hybridant, on féconde la fleur d'une plante avec le pollen d'une autre plante. Si la plante porte des fleurs des deux sexes (c'est le cas de toutes les citrouilles), alors il faut « castrer » (enlever) toutes les fleurs mâles avant d'apporter sur les fleurs femelles le pollen d'une autre plante, pour être sûr du résultat. En pollinisant, on crée donc un hybride.

Et pourquoi hybride « F1 » ?

C'est aussi naturel, mais ici on va récolter les graines de 1ère génération obtenues d'un croisement entre deux parents un peu spéciaux, sélectionnés. Cette 1ère génération, ou Fratrie 1, est dite « F1 ». Ces graines de semences sont d'excellente qualité. Excellentes car les deux parents choisis, donnent à coup sûr chaque fois qu'on les croise une descendance très homogène (toutes les plantes produites par ces semences seront identiques), vigoureuse, et de plus dotée de qualités intéressantes. Tout n'existe pas en « hybride F1 » car sur certaines espèces c'est délicat, ou simplement parce que le besoin d'amélioration ne s'est pas encore fait sentir.

Puis-je créer moi-même mon hybride F1 ?

Non, car il faut partir de parents issus de lignées dont la pureté génétique est affinée dans les cultures, depuis des générations. Ces parents sont choisis avec soin par expérience et par respect de lois génétiques rigoureuses, ils ont quelquefois des apparences bien différentes l'un de l'autre, et différentes des enfants. Ces enfants seront justement parfaitement identiques, c'est l'un des intérêts de l'hybride F1. Bref, c'est du travail de pro. Une fois le « mélange » testé, à chaque fois que l'on produit des semences hybrides F1, on sait exactement à l'avance quelles plantes elles donneront.

Puis-je semer les graines de mes citrouilles ?

Les graines récoltées sur des plantes hybrides F1, par exemple dans des citrouilles, ne reproduiront pas fidèlement la citrouille que vous avez devant vous. Même, elles sont souvent pires que des non-hybrides… Car les plantes hybrides obéissent aux lois du célébrissime Mendel et font ressortir dès la génération suivante des caractères différents d'une plante à l'autre, souvent inattendus, voire désagréables de la génération précédente, dont seuls les bons côtés et même plus s'exprimaient dans l'hybride F1. N'espérez pas y échapper !

Diététique de la citrouille

Nous ne pouvions que succomber un jour ou l’autre aux Citrouilles.

Elles cumulent l’Esthétique, avec leur aspect bon enfant, naturel et décoratif, et la Diététique, en permettant de se régaler de vrais plats sans grossir et en faisant le plein de bonnes choses.

Longtemps on a reproché aux citrouilles d’être gorgées d’eau, que notre subconscient devait rapprocher de ces calebasses africaines utilisées comme outres !

Sans atteindre les records de densité du Potimarron (seulement 80 % d’eau), les citrouilles contiennent 10 % de matière sèche :

  • vitamines A, B1, B2, B3 et C (jusqu’à 17 mg), D, E (1 mg) et F,
  • sels minéraux : potassium (300 mg !) et calcium (30 mg),
  • et oligo-éléments tels que chlore, zinc, sélénium par exemple.

Par ailleurs, elles sont riches en glucose et fructose et les citrouilles à chair colorée sont naturellement riches en carotène ou provitamine A (9 fois plus dans le Potimarron que dans l’huile de foie de morue, pour un plaisir incomparable).

Avec 20 à 30 calories pour 100 grammes (soit 84 à 130 KJ)° et une richesse en fibres exemplaire (environ 2% de cellulose et hémi-cellulose), on aurait tort de s’en priver.

Sans oublier les graines riches en protéines et acides aminés, en acides gras de la meilleurs espèce, et avec tout un cortège de sels minéraux. Le tout avec environ 550 calories/ 100 g.

Les citrouilles sont réputées munies de vertus médicinales que l’on dit préventives de cancers, de maladies cardio-vasculaires ou du tabagisme. En tout cas elles sont incontestablement dépuratives, diurétiques, sédatives et réhydratantes, bref tout pour embellir. Les graines, dont on tirait naguère une huile vermifuge, sont riches en cucurbitine, substance active sur la prostate.

Pourquoi tous ces noms ?

Des noms courants aux noms scientifiques

La diversité de forme, de couleur, de texture de chair et de saveur a engendré, depuis les origines de la culture, une grande confusion des appellations.

L’origine géographique elle-même de nos bons gros légumes est incertaine. Les similitudes entre certains types américains et asiatiques font penser que la dérive des continents est tout autant responsable de leur répartition que les voyages de Christophe Colomb…

Leur connaissance réelle remonte chez nous au XVIIè siècle, lorsque les navires revenaient du nouveau continent chargés de fruits et de leurs graines.

Puis, devant la confusion régnant déjà à l’époque sur ce sujet, un certain Naudin a été chargé au XIXè siècle de regrouper et de décrire les types, c’est-à-dire les « espèces » du genre Cucurbita, en se basant sur leur interfécondité, seul juge de paix :

Cucurbita pepo, Cucurbita moschata et Cucurbita maxima. Les 3 types reposent sur la fleur, la graine, la feuille et quelques autres caractères, comme la forme du pédoncule du fruit par exemple, plus importante que l’allure du fruit lui-même. Ainsi toutes les Cucurbita moschata ont-elles des feuilles molles, toutes les Cucurbita pepo des feuilles rigides et une pédoncule anguleux, toutes les Cucurbita maxima des feuilles rigides mais un pédoncule cylindrique, caractères d’intérêt discutable lorsque l’on fait son marché !

On ne peut pas en dire plus et il aurait fallu pouvoir en rester là, ne jamais affubler de nom usuel, ni en France, ni ailleurs, ce dont les scientifiques s’étaient bien gardés ! Malheureusement, le nom scientifique latin fiable se superpose mal avec les inévitables noms courants déjà en usage, qui ont déjà fait leur chemin depuis des siècles et qu’on leur accole donc par nécessité.

C’est ainsi que certains voient simplement dans Cucurbita pepo les Citrouilles, dans Cucurbita moschata les Courges et dans Cucurbita maxima les Potirons. Il est faux de tant simplifier, ce classement n’est vrai que pour certaines variétés : parmi les nombreuses contradictions le Giraumon galeux d’Eysine, botaniquement Cucurbita maxima et donc théoriquement Potiron, mais appelé aussi Courge ou Citrouille d’Eysine. De même pour les Cucurbita pepo, dont les « pumpkins » d’origine américaine qui sont aussi souvent nommés Potirons que Citrouilles…

Cette histoire de famille, qui est à la fois scientifique, étymologique et culturelle est donc plus compliquée, la voici.

Quelques mots de botaniques

Ces plantes généreuses, aimant la chaleur et l’humidité, sont de la famille des Cucurbitacées. Dispersée aux 4 coins du monde, voici les quelques branches de la famille (on les appelle des « genres ») qui ont connu une carrière importante ou amusante :

Cucurbita ficifolia (courge de Siam)
  • Luffa, typiquement extrême-oriental et exotique, la fameuse éponge pour se gratter le dos ;
  • Ecballium, ou Concombre d’âne, dont le fruit vous explose au nez au moindre effleurement ;
  • Lagenaria, les Calebasses et massues aux formes variées, inévitables décorations de pizzerias… ;
  • Benincasa, asiatiques, dont la Courge à la cire, énorme et mythique courge chinoise ;
  • Citrullus, dont la Pastèque et la Coloquinte ;
  • Cucumis, rien moins que le Melon, le Concombre et le petit Cornichon ;
  • et surtout donc Cucurbita, sujet de toute notre attention. Toutes originaires d’Amérique tropicale. Il en existe 3 principaux membres (on les appelle « espèces »), sur lesquelles nous allons nous pencher plus soigneusement : Cucurbita maxima, Cucurbita moschata et Cucurbita pepo. Plus les Cucurbita mixta (dont la très laide courge mexicaine « Cushaw green-striped » mangée crue ou cuite) et Cucurbita ficifolia (« courge de Siam » - voir photo - dont on fait la confiture de cheveux d’ange espagnole) qui sont marginales.

Nous allons nous attacher à examiner les noms usuels des 3 principaux membres, C. maxima, C. moschata, et C. pepo, par leur étymologie et les dérives qu’on en a faites, d’hier à aujourd’hui.

…puis d’étymologie…

Citron

Citrouille a les mêmes racines que Citron, en raison de sa couleur jaune. Au départ, on ne trouve sous ce terme que les Citrullus, nous en avons parlé plus haut, dont la Pastèque (bien verte, que personne ne prendrait aujourd’hui pour une Citrouille !) et certaines courges comme le fameux Giraumon galeux d’Eysine que nous évoquons par ailleurs. Nous allons voir que cette origine étymologique ne tient pas dans le temps et est devenue source de confusion.

Courge est clairement le terme général désignant les Cucurbita. Ce mot semblant traduire à la fois Cucurbita et Gourde. Les Courges donc, courges d’été et courges d’hiver. Les courges d’été sont des sortes de courgettes de formes diverses. Les courges d’hiver, dont les Courges musquées (Cucurbita moschata) et le Potiron (Cucurbita maxima et certains Cucurbita pepo).

Citron

Potiron est par association d’idées un mot désignant un légume en forme de gros champignon. Botaniquement, nos Cucurbita maxima ont tous des allures de Potiron, quoi de plus normal. Car depuis le XVIIè siècle, on indique qu’il s’agit là d’une sorte de grosse Citrouille, plate et jaune, selon M. de la Quintinie, Jardinier en chef de notre Roi-Soleil ! Mais les Potirons se rencontrent aussi dans les Cucurbita pepo. Cette espèce de loin la plus importante de notre grande famille, comprend avant tout rien moins que les Courgettes… et la plupart des « Pumpkins » américains, qu’on aurait pourtant peine à confondre ! Qui oserait prétendre que les Pumpkins florissants d’Halloween ne sont pas des Potirons ?

… et enfin d’habitudes !

Plutôt Citrouille dans les histoires et légendes (on pense à Cendrillon) et dans la moitié Nord de la France, plutôt pour ne pas dire toujours Potiron dans les recettes de cuisine (on pense à une chair dense, fibreuse, orangée, au goût fin), plutôt Courge dans le Sud-est de la France (on pense alors Courge musquée), ces mots veulent tous désigner notre légume, que l’on voit plutôt orange et gros. Et pourtant, quelle diversité de formes, de couleurs et de saveurs !

Les vieilles variétés implantées régionalement, sont autant de Citrouilles de Touraine, de Potiron Jaune gros de Paris ou de Courge d’Eysine, selon les appellations locales, faisant souvent fi de leur nomenclature réelle. Pour simplifier, nous opterons donc définitivement dans nos propos pour le vocable générique de Citrouille, d’une part parce qu’il désigne bien les « Potirons » américains que nous chérissons et d’autre part pour une consonance poétique, à défaut de clore un débat au demeurant passionnant et passionné !

Citrouilles et bio-pauvreté

De ces Cucurbita, que reste-t-il chez nous, tout au moins commercialement ? On peut dire qu’on ne trouve généralement plus à la vente que 2 variétés en France, l’une de l’espèce C. maxima : le « Rouge vif d’Etampes », l’autre de l’espèce C. moschata : le « Musqué de Provence ». C’est bien peu.

La première, symbole de la Citrouille façon Cendrillon, est à écorce orange vif et brillante, plate et à nombreuses côtes assez profondes, à chair joliment orangée. On la trouve partout. Elle était presque symbole des Halles aux légumes de naguère.

La seconde, profondément côtelée et de couleur vert bouteille puis beige à maturité, qu’on peut astiquer à volonté, est souvent plus petite et à une chair musquée, très colorée. On la trouve surtout dans le Sud-est de la France.

Des deux on propose au chaland de larges tranches tout l’hiver.

De même en Italie on ne trouve plus guère que la « Marina di Chioggia » bleu foncé ; en Hongrie la « Bleue de Hongrie » (on l’appelle Nagydobosy sutotok), toutes deux des C. maxima.

Marina di Chioggia
Bleue de Hongrie

Et point d’autres. Il faut bien se résoudre à constater qu’en dehors de certains jardins d’amateurs passionnés et de quelques maraîchers apôtres de la bio-diversité et collectionneurs avisés, cette famille de rêve avait tendance à disparaître sur notre vieux continent, emportée par une bio-pauvreté uniformisante.

La renaissance de la citrouille  !

Heureusement, le retour aux tendances naturelles, dans l’alimentation d’une part et dans la décoration intérieure d’autre part, nos Citrouilles trouvent toute leur place dans notre vie. Des blanches, des vertes, des plates, de petites, on mélange souvent Citrouille et Coloquinte pour le plus grand profit de l’esthétique…

Citrouille américaine

C’est là qu’interviennent les Citrouilles américaines, là-bas nommées « Pumpkins ». Moins profondément tranchées que nos deux consœurs européennes, de forme presque carrée, voire plus haute que large, au pédoncule gros comme une poignée, à la peau moins épaisse, à la chair orangée plus douce car moins dense, elles se prêtent à toutes recettes et usages. Les premiers colons anglais débarqués au XVIIè siècle les « cuisinaient » pour Thanksgiving, jour d’action de grâces, trop heureux d’être arrivés à bon port en Nouvelle-Angleterre. En fait on évidait simplement notre Citrouille, remplie de pommes et de lait, cuite à cœur, le Pumpkin-pie était né.

Ces lointaines cousines appartiennent à notre 3è famille, les Cucurbita pepo. Et là tout se complique, car la Courgette, légume d’été, en fait partie. Quoi qu’il en soit, ceci explique sans doute que ces citrouilles anglo-saxonnes soient à peau tendre, et se prêtent donc aujourd’hui parfaitement aux sculptures de Citrouilles emblématiques de la fête d’Halloween, avec une précision de dessin étonnante et sans risque de se blesser. Elles portent les jolis noms évocateurs de Jack-O’-Lantern ou Halloween par exemple. Certaines variétés de ce type, sélectionnées pour le gigantisme de leur fruit, atteignent par ailleurs dans ce climat nord-américain très continental des tailles extraordinaires (450 kg !), battant des records chaque année dans les concours primés.

Citrouille Butternut

En dehors de ces bêtes à concours, l’Amérique du Nord nous envoie aussi la bonne idée de consommer à nouveau les Butternut (ou Doubeurre). Ce sont des Cucurbita moschata, parmi les premiers sur les marchés, avec leur robe sable et leur forme de massue plus ou moins courbée. Leur chair « noix de beurre », presque fluo, est un régal. C’est en quelque sorte la cousine américaine de notre bonne vieille « Musquée de Provence », de même couleur interne et externe, bien que de forme carrément opposée. Notre vieille variété berrichonne « Sucrine du Berry », plus ressemblante et un peu plus côtelée que Butternut, est une cousine encore cultivée régionalement.

Le nouveau continent nous apporte aussi la Courge-gland (« Acorn » en anglais, autre Cucurbita pepo), en forme de cœur et côtelée, que l’on traite à tort chez nous dans les étals comme une Citrouille, et qui devrait absolument être rattachée culinairement aux Courgettes : sa chair crème, dense est d’une tenue incroyable à la cuisson et n’a vraiment rien à voir avec une Citrouille, même après quelques semaines de conservation. On la cuisine entière, même avec la peau et les pépins tant ils sont tendres à la cuisson, en petits cubes, on obtient un accompagnement de roi, mi pomme-noisette, mi courgette. Encore complètement confidentielle, cette Courge-gland va forcément se populariser en cuisine.

Les petits américains, quant à eux, repus de Citrouilles américaines géantes, de s’extasier devant ce qu’ils considèrent comme les variétés héritées de nos grands-mères de la vieille Europe : nos trop classiques Rouge vif d’Etampes (là-bas renommé Cinderella, notre Cendrillon nationale, en qui Charles Perrault voyait un carrosse en 1697) et Musquée de Provence (Fairytale, c’est-à-dire Conte de fées), des Citrouilles à dormir debout !

De notre vieille Europe, on voit heureusement resurgir en saison les Giraumons, particulièrement le curieux Giraumon-Turban (potiron couronné plus drôle que bon avec sa forme de bonnet turc multicolore) et autre Giraumon galeux d’Eysine, qui est recouvert de drôles d’excroissances grises ! Et le mythique « Potimarron », qui n’est pas le croisement illégitime d’un potiron et d’un châtaignier mais un potiron ancien en forme de figue, à chair épaisse, dont il nous arrive aujourd’hui des sélections japonaises bien colorées mais plus fades. On retrouve par ailleurs cette forme dans les nombreuses courges de Hubbard, purement américaines. Giraumons, Potimarron et Hubbard sont des Cucurbita maxima.

Dans ces types de formes et couleurs incroyablement divers, on va rencontrer aussi de plus en plus sur nos marchés diverses variétés de Cucurbita pepo, cette fois ni courgettes ni citrouilles américaines, que l'on nomme Courges d'hiver : Sweet Dumpling (« Patidou »), Courge-spaghetti, un peu surfaite mais diététique, Cou tors, Pomme d'or, Kabocha et tant d'autres…

Pour terminer cette histoire de famille, on associe souvent à tort, à notre grande famille des Citrouilles, le Pâtisson, qui est pourtant avec sa forme de soucoupe volante une véritable courgette (avec toutefois un goût d’artichaut subtil si on le prend jeune). Pour une fois que les choses étaient simples !

Taille des graines de Cucurbita

Et pour conclure, voici une dernière piste pour identifier nos Cucurbita : la taille de leurs graines. C. pepo possède en principe les plus grandes, devant C. maxima et C. moschata. Leur forme est identique, en forme de goutte d’eau plate et ourlée, bien différente des autres cucurbitacées telles que Citrullus et Cucumis, et surtout Lagenaria aux drôles de graines rectangulaires et épaisses.

La récolte : à chacune sa cueillette

Nous viendrait-il à l’idée de récolter un cornichon de 10 kg ou une citrouille géante au stade de la coloquinte ? Pourtant c’est vraiment possible !

De plus la confusion entretenue par le commerce des cucurbitacées et une nomenclature franco-scientifique erronée (voir notre rubrique Citrouilles et Cie) nous encourage à un stade de consommation des plus fantaisistes et donc à force déception sur les qualités gustatives de chacune.

Ne voit-on pas les pâtissons être exhibés au milieu des coloquintes en plein rayon des… potirons ! un peu d’ordre, nom d’une citrouille !

Sans donc refaire la nomenclature, voici pour éviter des déceptions culinaires les stades de récolte et de consommation de nos cucurbitacées :

Les pasteques comme les melons se récoltent toujours à maturité.

Les coloquintes, quand à elles, ne se consomment pas. Mais elles se cueillent à maturité pour pouvoir être conservées.

Jusque là tout va bien.

Ensuite ça se gâte un peu : Calebasses, Gourdes africaines et européennes, Luffa et autres Benincasa asiatiques s’utilisent matures et sèches. Toutefois elles sont consommées jeunes dans leurs pays d’origine.

Si pour le Melon tout est simple, ses frères concombre et cornichon compliquent tout. Ils doivent être cueillis très jeunes, sinon ils grossissent presque indéfiniment et se dénaturent.

Et nous voilà à la cueillette de nos citrouilles, fruits de notre passion et autres Cucurbita. Et là tout est simple à y regarder de près.

Pour Cucurbita moschata, pas de problème : on cueille les Musquées de Provence et autres Butternuts à maturité, quand l’épiderme est cireux. Pour Cucurbita maxima, qui forment une partie des Potirons, facile aussi : il faut attendre que l’épiderme soit bien coloré et cireux, comme c’est le cas du Rouge vif d’Etampes de nos marchés.

Pour Cucurbita pepo, il suffit d’avoir 3 choses à l’esprit :

Nos citrouilles « anglo-saxonnes », merveilles destinées à Halloween ou aux concours de grosseur, des plus petites aux plus géantes, se cueillent à maturité, lorsque la peau est lisse, la couleur uniforme et le son clair quand on les frappe (en douceur !).

Ces « Pumpkins » sont frères des Courgettes. En effet leur point commun facile est le pédoncule, très gros et très côtelé et en général court. Quand on le sait c’est évident. Les petites variétés ont même proportionnellement une « queue » qui paraît surdimensionnée. Et regardez-bien, nos bonnes Courgettes ont le même, cette base courte et côtelée, encore verte au stade où on les prend.

les courgettes sont donc aussi des Cucurbita pepo, sœurs des « Pumpkins ». On les cueille jeunes, plus ou moins, c’est-à-dire de la fleur fraîche au fruit strié ou noir, selon les variétés car laissez grossir une courgette, comme un cornichon ou un concombre et vous verrez, elles en sont capables elles aussi !

On lit les choses les plus délirantes, des faux compliments aux pires horreurs sur les Pâtissons, les Giraumons et autres « Courges »-gland. Coup de colère !

Les patissons ont de la chance :ils ont bénéficié plus que pâti de leur allure étrange d’objet volant non identifié : tantôt coloquinte, tantôt citrouille, notre drôle de courgette est partout. D’autant plus qu’on en trouve maintenant de plusieurs couleurs. Mais il s’agit bien d’une simple courgette ! Le goût est celui d’une courgette, avec certes un arrière-goût d’artichaut quand il est pris jeune et avec un peu d’imagination. Confit au vinaigre, cueilli quand le diamètre n’excède pas 4 cm, là c’est vrai le goût est très fin. Restons-en là ! Pourquoi le cueillir dur comme du caillou et le cuisiner alors dans toute sa fadeur, comme un mauvais potiron ! A ce stade, c’est même un objet de décoration bien éphémère, fausse coloquinte à la peau trop fine…

Une autre courgette, aux qualités fantastiques celle-là, est en passe par contre de subir un mauvais sort. La courge-gland porte déjà en son nom les prémisses d’un mauvais coup. Nous l’avons vue à la rubrique Citrouille & Co, il s’agit pourtant d’une courgette d’avenir. D’origine américaine, comme le pâtisson, d’écorce blanc crème ou noire, la chair ferme est extraordinaire. N’attendons pas pour la cueillir, nous pourrons ainsi la cuisiner sans l’éplucher. Et n’en faisons pas non plus un potiron, c’est une courgette, et quelle courgette ! On peut la garder pour la déco, elle vire à l’orange au bout de quelques mois.

Des giraumons, petits ou grands, le giraumon-turban est le plus connu. Bonnet d’évêque, Courge de la St-Jean, cette citrouille aux panachures diverses semble avoir été recollée. Comme le pâtisson, sa forme avantageuse lui a attiré tous les compliments gastronomiques. Ne mélangeons pas tout et soyons objectifs, même si sa forme le prédestine à être découpé en soupière, sa chair épaisse n’est pas inoubliable ! Car il s’agit là non plus d’une courgette, mais d’une Cucurbita maxima, comme notre roi des marchés Rouge vif d’Etampes. Il faut donc le cueillir à pleine maturité et consommer la chair nettoyée des fibres et pépins.

Conservation des citrouilles

Nous venons de faire le ménage, il ne reste plus qu’à conserver celles qui en sont capables, pour le plus grand plaisir des yeux et du palais.

La conservation des Citrouilles demande un peu d’air et de fraîcheur, et de chance. Leur goût ne s’améliore pas en conservation, mais cela permet d’en cuisiner une bonne partie de l’hiver.

Les Cucurbita moschata sont précoces et tiennent assez bien mais en se flétrissant. N’oublions pas qu’on en a profité tôt, en fin d’été.

Les Cucurbita maxima tiennent remarquablement, certaines se conservent plusieurs années, pour autant que le fruit soit sain intérieurement. les giraumons tiennent particulièrement bien.

Les Cucurbita pepo ont bien sûr un épiderme fin (pensez à la courgette) et tiennent au moins le temps d’Halloween, et sont d’autant plus fragiles qu’elles sont sculptées : l’occasion de recommencer chaque année ! Les bêtes à concours connaissent des fortunes diverses, surtout celles dopées à l’engrais, qui écourte la conservation, il faut choisir !

Rivaliser dans les concours de citrouilles

Vous voulez rivaliser avec les producteurs de citrouilles gigantesques ? Voilà les directives simples à appliquer…

Climat et choix des variétés

Pour rivaliser avec les mensurations atteintes en Amérique du Nord (Canada et Etats-Unis) notre chapitre « De la culture des citrouilles » ne saurait suffire.

En effet quelques recettes de culture spécifiques sont nécessaires pour battre des records, ou au moins pour concourir la tête haute dans nos sympathiques compétitions régionales ou nationales. Ensuite, vous appliquerez vos propres trucs, dans le plus grand secret.

Plus que des trucs de pro ou des indications, ce sont des directives simples mais à appliquer absolument, car la culture d’un géant ne s’improvise pas. À chaque stade, chaque jour, de la germination à la cueillette, chaque geste va compter !

Le climat

Les anglais très amateurs de ces concours, ont malheureusement un climat anti-citrouille.

Nous n’y pourrons rien, seules certaines régions sont en première ligne pour atteindre ces records. La clé est le cumul des températures estivales, c’est-à-dire tout simplement le nombre d’heures où la température dépasse 18°C. Et le midi de la France n’est pas le mieux placé : les régions très continentales comme la vallée de la Garonne (ou la plaine d’Alsace, mais oui !) sont favorisées et se rapprochent sur ce point du continent nord-américain. Un truc pour le savoir : si votre région est réputée pour la production de maïs « d"indice élevé » (allez simplement poser la question à une coopérative agricole), alors c’est gagné. En gardant à l’esprit que ces régions à été chaud sont celles qui peuvent subir le plus tard au printemps et le plus tôt à l’automne des gelées nocturnes, pour le plaisir du risque !

Choix des variétés

Le choix d’une variété à fruits énormes est nécessaire. Ce sont des citrouilles d’origine américaine, de la même espèce que ces fameux « pumpkins » sculptés pour Halloween, mais certaines variétés sélectionnées pour leurs fruits énormes.

Mr Howard Dill, obtenteur-développeur de la variété Atlantic Giant, pose ici avec l’un de ses bébés, de taille"modeste" pour l’Amérique du Nord. Il a longtemps détenu les records d’environ 400 livres mais s’est vu dépassé par ses disciples avec plus de 1000 livres. Le record actuel, établi en 1998 par un autre canadien, est de 1,092 Lbs, soit tout près de 500 kg. Et le potentiel génétique de cette variété pourra s’exprimer largement sous nos climats, même si les conditions climatiques européennes sont un peu insuffisantes pour atteindre ces mensurations de rêve ! On peut aussi choisir toute variété de Citrouille à gros fruits dont on s’amusera à obtenir des fruits aussi gros que possible, et pourquoi pas battre son propre record chaque année, ou celui du voisin !

Il est important de repartir chaque année avec des semences sélectionnées, dont la qualité (citrouille d’origine, grosseur de la graine, puissance germinative et conformité du type) sera assurée.

Mais comme la génétique ne fait pas tout, voici comment conduire (ou plutôt piloter) ces formules 1 du potager.

La Culture, un sport de compétition

Préparation du terrain

Le labour sera plus profond et on ménagera un trou de plantation plus large, 1 m de côté et 60 cm de large, rien de moins, car notre géante a des pieds d’argile, ses racines sont fines et fragiles… Utilisez du fumier de bovins composté, en sacs, à la dose maximale indiquée. Ou si vous êtes sûrs de vos approvisionnements du fumier de bovins (ou de cheval) frais mais suffisamment évolué, à des doses que vous pratiquez déjà dans votre potager. Deux grosses pelletées par plante est convenable, bien étalé sur 4 m² environ, car les racines sont superficielles et traçantes. Le fumier de volailles doit être utilisé avec parcimonie et au printemps, sinon il brûle les jeunes plantes.

Si vous avez un doute sur le pH de votre sol, faites un contrôle avec un ruban de test que vous trouverez dans les libres-services agricoles : un pH de 6,5 à 6,8 est idéal.

Comptez un espacement des plants de 5 m entre rangs, 2,50 m sur le rang.

Semis

Pour partir avec le meilleur potentiel, semez par 3 graines, puis éliminez les 2 plantules les plus faibles. Une mini-serre avec chaleur de fond est idéale. Semez donc dans la plupart des régions fin avril-début mai. Utilisez impérativement des godets de tourbe, afin de ne pas abîmer les racines à la plantation. La température optimale est de 28°C. Mais attention, plus la moiteur augmente, plus les risques de pourriture augmentent. Pour assurer un démarrage rapide, donner un éclairage artificiel, la lumière froide et blanche d’un tube fluorescent est suffisante.

Plantation

Il faut impérativement prendre le risque de planter le plus tôt possible, donc avant la fin des gelées matinales, pour battre des records. Quitte à tout perdre (se rappeler du gel du 22 avril 1992, -7°C au petit matin sur presque toute la France). On peut aussi décaler quelques semis qui au pire assureront le remplacement.

délicatement et couvrez d’un chassis vitré le plus longtemps possible, en tout cas jusqu’après les « Saints de glace » de début mai. Après, plus de gelée à craindre. Cette abri, sorte de serre bricolée à partir de toute surface vitrée, permettra un démarrage plus rapide de notre bolide. Il faut maintenant le laisser s’installer et pousser jusqu’à la floraison.

La plantation sur un paillage plastique noir, installé 3 semaines avant la plantation, est évidemment favorable à la croissance : température du sol plus régulière, contrôle des mauvaises herbes, protection du fruit.

Pour l’anecdote, certains compétiteurs anglo-saxons plantent sur de grandes buttes artificielles et enrichies, ce qui permet à la sève de descendre vers les fruits. Si le cœur vous en dit, ou pour les terrains en pente...

Irrigation et fertilisation

N’oublions pas que l’eau reste essentielle, d’autant plus que le système racinaire de notre amie est plutôt faible et superficiel. La plante ne doit jamais être bloquée par manque d’eau. Notre pied de citrouille doit recevoir au minimum 25 mm d’eau par semaine, précipitations incluses. Et beaucoup plus en cas de canicule. Les arrosages du soir seront mieux ingurgités par notre monstre, on y pourvoira soit par aspersion, ce qui permet de mesurer les apports totaux, soit par goutte-à-goutte qui limite la propagation des maladies foliaires (Oïdium).

Les engrais foliaires (liquide ou soluble) pour légumes-fruits (tomates ou courgettes par exemple) ou pour fruits seront apportés au pulvérisateur 1 ou 2 fois par semaine, en mélange avec les traitements éventuels anti-insectes et anti-maladies, dès la plantation. La plante ou la zone de culture entière doit être pulvérisée copieusement,. Les meilleurs engrais foliaires se trouvent dans les libres-services de coopératives agricoles ou dans certaines jardineries.

Le marcottage dans on a parlé à la rubrique générale de Culture, ne présente pas d’intérêt ici, il faut seulement veiller à ce que la tige coureuse ne souffre pas du vent.

La naissance

Environ 70-80 jours (10 semaines) après le semis, la plante a lors environ 200 feuilles (les compter est facultatif !) vous verrez apparaître la 1ère fleur femelle (celle qui porte déjà un bébé-citrouille à la base). Ligaturez les pétales avec du raphia, afin que des pollens étrangers, véhiculés par les abeilles par exemple, ne viennent troubler notre insémination assistée. Guettez ensuite la 1ère fleur mâle (elle contient du pollen) et précipitez-vous pour devancer la nature : prélevez la entière, écartez ses pétales et tapotez sur le pistil, au centre de la fleur femelle libérée de ses entraves.

Renouvelez cette opération sur le maximum de fleurs. Le pistil est fécondé, on dit qu’il y a « nouaison », la croissance commence.

Plus tôt vous aurez eu la chance de pratiquer cette pollinisation, sans doute début juillet, plus la citrouille sera grosse à la fin de l’été, car le grossissement atteint 10 kg par jour. Pendant que les tiges prennent 30 cm !

La croissance

Fin juillet, si votre pied a 3 tiges principales, il pourra porter 6 à 8 fruits. Prenez-en la circonférence chaque jour, avec un mètre-ruban, pour connaître celui qui grossit le plus vite. Repérez aussi celui qui a la forme la plus ronde, il a les meilleures chances. Ouf ! Quand le plus beau a atteint la taille d’un ballon de handball, supprimez la plupart des autres, ou tous les autres. C’est parti jusqu’à la récolte, qui commencera 80-90 jours après la formation du fruit.

Le jeune fruit doit être suivi comme l’huile sur le feu. Sa position sur la tige est importante, le pédoncule (l’attache du fruit) doit être perpendiculaire à la tige qui le porte, afin d’être bien nourri. Comme Jean de la Fontaine, encore lui, le précisait, il est bon que la citrouille rampe à terre, afin que ses fruits puissent s’y asseoir ! Donc si le fruit est mal disposé, tourner légèrement notre nourrisson jour après jour dès qu’il a atteint la taille d’un ballon de basket.

Quand notre citrouille devient monstrueuse (soyons raisonnables, à partir de 40 cm de diamètre), il se peut que la tige se vrille : il faut alors faire glisser et pivoter le fruit au mieux, pour éviter la casse de l’attache.

La taille est importante : il faut tailler les tiges principales dès qu’elles ont atteint 5 mètres, à 3 mètres au-delà du fruit, car s’il faut rabattre la sève vers le fruit, il faut laisser suffisamment de feuilles. Bien étaler les tiges latérales, pour qu’elles alimentent au mieux la tige principale. Les pincer à l’extrémité. L’idéal est d’appliquer aussitôt sur la plaie de la cire à greffer pour éviter toute perte de sève, les tiges saignant comme des tuyaux d’arrosage !

À partir d’août, ne pas hésiter à protéger la citrouille elle-même des rayons directs du soleil, afin de lui garder la peau tendre et souple, précaution nécessaire pour prendre son poids final !

Le concours

Si vous voulez vraiment concourir, ne vous laissez pas prendre par le temps : faites un compte à rebours en tenant compte des délais indiqués : pour un concours le 15 octobre, 90 jours depuis la nouaison soit mi-juillet, 80 jours depuis la plantation soit le 15 mai, 15 jours depuis le semis soit le 1er mai, soit un total large de 190 jours, soit 27 semaines. Ne partez pas trop tôt, n’en déplaise à Jean de la Fontaine, la levée n’en sera que plus hésitante. Réservez un chariot-élévateur et attention, la citrouille récoltée maigrit un peu après la récolte, ce serait trop ... bête !

Le semis direct : pourquoi pas ?

Si vos étés sont courts et chauds, de fin mai à mi-septembre, en zone de moyenne montagne par exemple, ou si vous êtes en retard, voilà le moyen de concourir quand même, en bravant les éléments !

Le but n’est donc pas de se simplifier la vie, mais de faire fleurir notre citrouille le plus tôt possible après semis, avant début juillet, car les tiges auront eu le temps de pousser davantage. Deuxième atout, la croissance de la citrouille est bien avancée fin août, le reste de la saison chaude sera tout bénéfice. D’ailleurs, même sans courir les records, cela permet au fruit de s’endurcir avant la récolte, il se conservera d’autant mieux.

Mi-avril bêcher pour faire un trou classique, puis former un dôme en ménageant une cuvette centrale. Placer une vitre assez large au-dessus, par exemple un morceau de porte vitrée, posée sur des pierres plutôt que des briques, afin d’obtenir le réchauffement du sol, chaleur qui sera conservée durant la nuit. Le moment du semis venu, planter impérativement 10 graines par trou, à 5 cm les unes des autres, à plat et légèrement recouvertes. Dès la levée, éloignez par un jeu de bâtons la vitre du sol dans la journée, rapprochez-la le soir et surtout, maintenez humide en permanence. Les premières feuilles venues, couchez la vitre de plus en plus sur le côté, en brise-vent. Eliminez progressivement les plants les plus faibles, jusqu’à ne garder que le plus beau, qui sera magnifiquement enraciné et rustique.

Jardinage avec Nanou

Éphéméride et météo

- Sem.
Mété à Salon-de-Provence, selon Weather Underground

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