Le jardin de la Saint Valentin
La Saint Valentin, c'est vraiment la fête des fleurs, et pas seulement de la rose comme je vais vous le montrer. À tel point que j'aurai aimé intituler cette rubrique "le jardin des amours". Physalis, alkékenge, pois de coeur : au coeur de l'Amour, avec le printemps qui approche, laissez moi vous parler de quelques méconnues du jardin…
De l'amour en cage…
La plus célèbre est sans doute l'Amour en cage. Celle que l'on nomme aussi Lanterne chinoise ou japonaise, et dont le fruit contenu dans une sorte d'enveloppe diaphane s'appelle l'alkékenge. De quoi patauger dans l'orthographe et départager des ex-aequo dans la dictée de Bernard Pivot en 1998 !
La plus célèbre est sans doute l'Amour en cage. Celle que l'on nomme aussi Lanterne chinoise ou japonaise, et dont le fruit contenu dans une sorte d'enveloppe diaphane s'appelle l'alkékenge. De quoi patauger dans l'orthographe et départager des ex-aequo dans la dictée de Bernard Pivot en 1998 ! On l'appelle aussi Coqueret, mais là attention, souvent par confusion avec les coquerets comestibles, dont nous parlerons ensuite.
Il s'agit ici de Physalis franchetii gigantea, qui a remplacé Physalis alkekengii de nos grand-mères, moins spectaculaire. De quoi s'agit-il ? Il tient son nom de son fruit bizarre, tel qu'il est sur la plante à maturité et décoratif sur tige à la maison, enveloppe côtelée orange foncé lui donnant l'aspect gonflé d'un lampion (Physalis vient d'un mot grec qui signifie "je gonfle"). En fait le secret se trouve bien gardé à l'intérieur, fruit plus ou moins en forme de coeur, et donc enfermé en cage. Le tout se conserve sur ses tiges très longtemps, et ne se consomme pas mais détient des vertus thérapeutiques diverses. Il tient son nom de Coqueret soit de l'enveloppe du fruit, comparé à une crête de coq, soit tout simplement à une coque. Quoi qu'il en soit, la plante est au jardin une sorte de poivron sans intérêt, plus ou moins vivace.
… À l'amour du goût.
Des Physalis comestibles, il en existe près d'une centaine. Ceux-là sont aussi de la famille de la Tomate, leur saveur en est assez proche, avec une chair ferme.
Des Physalis comestibles, il en existe près d'une centaine. Ceux-là sont aussi de la famille de la Tomate, leur saveur en est assez proche, avec une chair ferme. Tous enveloppés d'un voile léger plus que d'une coque, très appréciés pour certaines espèces en Amérique latine, ils poussent très bien en France et on les trouve chez nous en confiture plus que sur nos marchés. Pourtant ils auraient toute leur place, tellement leur saveur acidulée et sucrée, leur goût et leur chair fondante sont excitantes. Quelques explications.
Le Coqueret du Pérou, le vrai, est encore appelé alkékenge jaune, groseille du cap ou même cerise de terre en Amérique du Nord : c'est le Physalis peruviana, maintenant nommé P. edulis, c'est-à-dire comestible. Il contient une baie petite, jaune orangé et acidulée, à saveur prononcée d'ananas, avec de petites graines fondantes. Il se conserve bien. Ici on le consomme plutôt frais à l'apéritif où il émerveille toujours, à la manière des tomates-cerises. C'est lui dont on fait les confitures, à saveur acidulée intéressante, comme la confiture de tomates vertes, mais avec beaucoup plus de saveur car il est cueilli à maturité. Pour être complets, on peut aussi le confire dans l'alcool de fruits, où il donne une sorte de confiture-de-vieux-garçon originale, et rafraîchissante si on l'allonge d'eau gazeuse.
Le Tomatillo est aussi très populaire, mais là au Mexique. Physalis ixocarpa est gros, ferme, reste vert tout en étant fondant et sa saveur intense et citronnée fait merveille quand on a une petite soif. Celui-là est la base de la "salsa", sauce verte des mexicains. Il se congèle très bien. Il en existe une version pourpre, un peu plus petite. Une autre appelé Physalis de Milpa, pousse dans les champs de maïs au Mexique où on le ramasse couramment. Il se conserve plusieurs semaines.
Le Physalis pruinosa est petit, orange et très productif, à saveur plus douce. Mais aussi P. philadelphica et P. pubescens, tous meilleurs les uns que les autres.
Le pois de coeur
Du même style que les Physalis, et de même usage décoratif que l'Amour en cage, faisons une parenthèse sur le Pois de coeur. La graine ronde et noire est une sorte de petit pois contenu dans un de ballon verdâtre, comme gonflé de l'intérieur. Cette plante annuelle gracile, qui pousse facilement dans nos jardins sur un grillage, porte le nom épouvantable de Cardiospermum halicacabum. Ce qui signifie "graine en forme de coeur", car chose extraordinaire, un coeur blanc est dessiné sur la graine. Certains doués de patience en font des colliers… d'amoureux.
Le coeur de marie
Toutes ces plantes ont des fleurs particulièrement insignifiantes. Il n'en est pas de même du Coeur de Marie. Encore appelé Coeur de Jeannette, cette vivace printanière a toute l'année un joli feuillage découpé à la manière des Pivoines. Les fleurs sont en grand nombre, sagement alignées sur les tiges plus ou moins couchées, telles des pendentifs, roses et blanches, ou même blanc pur.
L'amour est donc bien présent au jardin, et le langage des fleurs n'y a pas échappé !
Le langage des fleurs
Notre bon jardinier était plus expert dans la culture que dans la symbolique des fleurs. Cela ne pouvait pas durer, car à la demande générale, il se devait de vous en dire plus.
Depuis un an, notre jardinier est donc descendu au jardin, a arpenté les serres, a écouté la forêt et la brise des champs, a susurré à l'oreille des fleurs qu'il rencontrait pour qu'elles se confient, pour en savoir plus. Même si toutes ne peuvent être offertes, elles n'en sont pas muettes pour autant…
Et vous l'allez voir, certaines sont divisées, ou d'autres se disputent les mêmes sentiments. Un peu chipies les fleurs, un peu contradictoires, cela dépend sans doute du temps, et de vous ?
Voici donc toutes celles qu'il a rencontrées. Et saviez-vous que même certains légumes et autres plantes aromatiques s'en mêlent ? Et si vous, d'autres fleurs vous ont confié leur(s) secret(s), écrivez-nous !