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Les canarvals dans la monde

Carnaval de Venise : pas si romantique !

Jeune couple en voyage de noce ou amateur de romantisme s'abstenir. Préférez les brumes de Novembre, sur une Venise vide autant que nostalgique. En revanche si vous recherchez l'animation, la gaieté, laissez-vous tenter par le carnaval de Venise !

Incognito à Venise

Le carnaval dure les onze jours qui précèdent le mercredi des cendres. Cette année, il débute donc le 17 février par le défilé traditionnel. Après avoir disparu sous la longue occupation autrichienne, il ressuscita plus vivace que jamais en 1978.

Depuis cette date, durant ces longues journées et particulièrement les deux week-ends inclus dans ce laps de temps, la ville voit affluer des touristes du monde entier. Italiens des autres cités, Français et Allemands forment le gros du bataillon.

Si nombre de ces visiteurs viennent en simples curieux, d'autres prennent la peine de se costumer. Ainsi participent-ils plus activement aux réjouissances et s'amusent-ils mieux.

Les déguisements varient beaucoup, du simple masque blanc surmonté d'un tricorne et revêtu de dominos noirs, jusqu'aux somptueux atours exécutés par de grands spécialistes.

Un instant de pose

Les costumes les plus fantaisistes voisinent avec les reconstitutions historiques les plus pointilleuses. Le 18° siècle est très prisé. Les petits marquis et les Casanovas côtoient ainsi les Africains de comédie, les oiseaux de feu, les chattes ou les chevaux ! Lunes et soleils se promènent si fréquemment en couples, qu'ils doivent être soldés à Munich ou ailleurs !

Au sein de cette foule bigarrée à qui appartiennent ces silhouettes somptueusement vêtues ? Certaines à des figurants payés par le syndicat d'initiative. Surnommés les " entullés ", ceux-ci se tiennent sous les arcades des procuraties ou devant les sites touristiques afin d'être photographiés. Cependant, ne perdez pas toutes vos illusions ; sous de nombreux autres masques, se dissimulent des personnalités dont les services valent plus chers : décorateurs connus, couturiers, costumiers d'opéra, artistes, accourus des quatre coins d'Europe, incognitos derrière leurs masques. Quant à vous, vous avez tout intérêt à vous procurer un costume avant d'arriver, si vous ne tenez pas à vous retrouver déguisés en pigeons par les loueurs locaux. Une fois attifé, vous vous promènerez dans les ruelles, danserez dans les bals publics de la place Saint-Marc, applaudirez les baladins... Une étape obligatoire au café Florian ou au Quadri pour un fameux chocolat chaud.

Le grand canal

Il est néanmoins préférable pour pratiquer sereinement toutes ces activités, de ne point être agoraphobe. Dans la Merceria par exemple, vous avancerez porté par le flux de la foule, allant où elle vous portera. Pour souffler un peu, arrêtez-vous chez un marchand de souvenirs : il vous attend en rechargeant son fusil !

Si malgré tout, il vous reste quelques euros, pourquoi ne pas vous offrir bal et souper dans un palais ? Pour imaginer l'espace d'une soirée, que vous êtes l'hôte d'un aristocrate vénitien, il vous en coûtera au moins 200 € par personne. En conclusion, ce n'est pas à cette occasion que vous aurez visité Venise, mais de retour chez vous, vous obtiendrez un effet garanti, en mentionnant négligemment que vous avez préféré au ski, Le Carnaval de Venise !

Venise : stravaganza o grottesco ?

Difficile de dire ce qui l'emporte dans cette fantaisie bien léchée à la mode vénitienne : sans doute le grotesque. C'est clair, le masque a été réinventé ici et rien à faire, dans un cadre pareil, le romantique revient au galop. Si la Comedia del Arte est bien italienne, rendons à César ce qui est à César, le théâtre masqué est né à Bali. Les balinais n'ont d'ailleurs pas leur pareil pour revêtir un masque. À Bali pas de mascarade, mais une vrai relation entre l'homme et le masque. L'acteur se lave le visage avant de revêtir son masque, puis le salue. L'interprète s'efface derrière le masque, véritable oeuvre d'art unique, dont la plupart ont aujourd'hui disparu. Mais à Bali, pas de carnaval. À Venise oui, et depuis toujours !

Les masques italiens sont magnifiques et expressifs. Le carnaval se déroule chaque année durant les dix jours qui précèdent le Mercredi des Cendres. Traditionnellement, les masques se portaient de la Saint Stéphane au Mercredi des Cendres. Mais le masque on aime ça, et il était porté en d'autres occasions que la période d'avant Carême, comme l'Ascension par exemple. Moyen de cacher son identité et de revêtir une expression, il permettait aux différentes classes sociales de se mêler, et accessoirement aux nobles de faire la manche au coin des canaux... Il s'accompagnait d'amples vêtements, ce qui permettaient aux femmes de se dissimuler.

Carnaval do brazil : le délire

Rio est en délire. Extravagant et grotesque, sources du carnaval, ici épicés à la sauce brésilienne. C'est de par le monde le plus grand, le plus long, le plus renommé.

Ses origines remontent du temps des portugais qui l'ont introduit dans leur colonie. Même les esclaves noirs s'y mettaient, tout le monde se déguisait et se maquillait, esclaves et maîtres faisaient la fête dans les rues pendant trois jours... et cela dégénérait en bagarre générale avant (et après) la dispersion.

En 1940 que le carnaval de Rio prît un autre visage, celui de grand bal masqué, à l'instigation d'une femme.

Le costume folklorique, qui reprend les tenues traditionnelles brésiliennes, est de plus formidablement mis en valeur par les danses de rue. Il donne aux nuits de défilés leurs couleurs uniques au monde, aidées par force adjonction de strass, plumes et paillettes.

Le carnaval au sens strict dure quatre jours et quatre nuits, et se termine le Mardi Gras, dernier jour de carnaval partout dans le monde. La plupart des bureaux et administrations sont fermés durant cette petite semaine.

Il faut savoir que plusieurs dizaines de milliers de danseurs de samba, de mambo et de bloco enflamment les rues, supportés par des tambours nommés congas. Les "écoles" de samba qui paradent depuis les années vingt sont en fait des groupes organisés de semi-professionnels, en tout cas de vrais "pros" de cette danse originaire d'Afrique noire. C'est aussi une véritable compétition et une occasion pour les milliers de participants venues des favelas perchées sur les collines alentour de se valoriser : tout est noté de la technique à l'originalité du thème retenu et du costume.

Le public est interactif et se laisse vite emporter dans la tourmente. À propos d'interactivité, Internet relaie aujourd'hui largement le Carnaval.

De l'amerique latine aux iles : la contagion

Partout la danse de rue domine la fête.

En Bolivie, on consomme des "confites", sucreries à base de pâtes de fruits et de noix qui donnent de l'énergie durant tout le Carnaval.

Au Venezuela, le Carnaval dure deux jours.

Mais c'est surtout la mer des Caraïbes qui regorge de carnavals, et pas seulement avant le carême !

À la Trinité en Martinique, ce sont des compétitions de calypso, au son des steel drums, percussions métalliques typiques des Antilles, maniés dans les steel bands. Cette musique revendicative a une signification sociale profonde qui remonte au XIXème siècle. La soca, plus rythmique et très récente, est tout-de-même rattachée à ces racines africaines nées de l'époque coloniale.

À Antigua et Barbuda, au nord de la Guadeloupe, on célèbre justement l'abolition de l'esclavage le 1er août, à la fin du carnaval qui, vous le remarquez, se déroule en fin d'été. Il y a défilé et danse mais surtout improvisations de calypso qui sont récompensées, le lauréat est couronné. Originalité, le matin du dernier des cinq jours de Carnaval matérialise la fin de l'esclavage, la lumière là encore revient...

Mêmes thèmes à base de calypso, même date déconnectée du carême, sur l'île de Grenade, toujours dans l'archipel des Caraïbes.

À Porto Rico, les maîtres du Carnaval sont des masques géants en papier mâché.

Et encore ceux de la République dominicaine, du Salvador ou de Vera Cruz !

Ailleurs en amerique : des parades

Le Carnaval annuel de Québec dure plusieurs jours, à base de danses mais surtout de compétitions basées sur la glace sous toutes ses formes.

À New-York, c'est la parade à l'américaine.

Attardons nous un peu à la Nouvelle-Orléans, New-Orleans, les bals masqués marquent les premières semaines de la période de carnaval. Puis les parades, aux thèmes différents chaque année, marchent au rythme des marching bands. Le jazz se fait à peine plus discret pendant quelques jours. Le fait marquant est la distribution aux spectateurs de différents présents, dont les fameux doubloons, sorte d'euro à la mode de louisiane, pièce d'aluminium où figure le "logo" de la parade et le thème de l'année. L'origine du carnaval remonte au début du XVIIème siècle, quand l’explorateur français René Robert Cavelier, a un jour de Mardi Gras en France, surnommé un bout de terre au bord du Mississippi, non loin de la Nouvelle Orléans, "point de Mardi Gras".

Ce qui est passionnant à la Nouvelle Orléans, principal mais pas seul carnaval de Louisiane, ce sont les origines pluri-culturelles, africaines et caraïbiennes. Les Indiens du Mardi Gras, organisés en tribus, ont chacune à leur tête un Grand Sachem. New Orleans : 3 continents en un.

Aillleurs en Louisiane, et logiquement dans la campagne, on fait le courir cajun qui dégénère en bal cajun.

Cette course, genre de Trick-or-Treat, consiste pour les carnevaliers à tenter d'obtenir en sonnant aux portes, et avec force chansons, de quoi préparer un poulet à la cajun. Et mieux, d'attraper la bête vivante. De quoi faire de ces courir de franches rigolades. Et le plat est préparé et dégusté aux dernières heures du Mardi gras. Nous en donnerons nous aussi la recette !

À San Francisco et Toronto aussi, l'Amérique du Nord est en fête.

À Annecy

Annecy est souvent comparée à une petite Venise savoyarde. Ses canaux et ses petites ruelles rappellent par certains côtés la célèbre cité des doges. Cette ressemblance est encore renforcée ce 11 mars par le carnaval vénitien d’Annecy, organisé par l’association rencontres Italie Annecy (ARIA) crée peu de temps après le jumelage entre la préfecture de Haute-Savoie et Vicenza.

Un grand soleil accompagnait cette cinquième édition du carnaval. Des groupes venant de toute la région, de Genève à Grenoble, déambulaient silencieusement le long des canaux, apportant une touche de mystère et se prêtant avec grâce aux demandes des photographes. La plupart d’entre eux sont de retour de Venise où ils ont participés au carnaval.

Tous les costumes sont faits à la main, à moindre coût. Matériaux achetés sur les marchés, breloques et pacotilles sont sublimés par le génie du déguisement.

Pages, mandarins et princesses croisent la lune et le soleil. Ils ont tous en commun la neutralité des masques destinés à confondre les ages, les sexes et les milieux sociaux. À Venise, on profitait de son déguisement pour rendre visite à son amant ou pour aller déposer sa lettre de dénonciation aux doges.

Sûr de ne pas être reconnu, tout est permis et on est, l’espace d’un temps, une toute autre personne.

Pas de fanfare, pas d’orchestre, pas de musique. Pure moment d’esthétisme et de mystère.

Nice et Albi

Nice : en famille

Nice est un grand carnaval international, aux thèmes variés d'année en année : par exemple en 2000, les découvertes des savants et des explorateurs. Le dessinateur humoriste Serguei a été chargé en 2000 du dessin des chars et de cette affiche.

À Nice les fleurs et les fruits dominent. La Place Masséna est l'épicentre de ce rassemblement qui se termine en une gigantesque bataille de fleurs, façon feu d'artifices, depuis 1830. Les chars fleuris de 6 m de haut, 7 m de long et 2m de large défilent sur la Promenade des anglais. Corsi fleuris et personnages à grosse tête bien connus, défilent sagement devant des spectateurs disciplinés. Enfin presque, car sous l'influence des carnavaliers étrangers invités et par mimétisme, notre douce cité capitale ne saurait rester très longtemps si sage, et cette capacité à se laisser habiter par les influences carnevalières de tous les continents est bien une des qualités de notre carnaval.

Albi : les reines

A Albi, le carnaval est renommé depuis 1905 pour ses chars en carton-pâte. D'ailleurs on peut les louer pour d'autres festivités. Ici aussi il y imprégnation de traditions sud-américaines, mais les reines sont bien françaises, et même albigeoises.

Ailleurs en europe : la tradition

À Binche, dans le Hainaut francophone belge, ce sont des personnages sobrement masqués et joliment vêtus qui fêtent l'arrivée du printemps, et ce depuis le Moyen âge. Ce Carnaval dure trois jours et se traduit par un défilé de personnages appelés les Gilles, qui distribuent en cette fin d'hiver des oranges aux spectateurs. Ici aussi, on retrouve dans cette tradition populaire le soulagement de la fin de l'hiver plus que l'arrivée de la période pascale.

À Imst en Autriche, ce sont des géants qui sortent portés par des chars dès la fin de l'hiver.

À propos de géants, finissons par les plus géants des carnavals. Et en France. Ces sympathiques personnages gagnent à être connus. En fait c'est une famille qui sévit dans la région Nord-Pas de Calais, où ils donnent du relief au plat-pays. De nombreuses communes disposent d'un géant en paille, personnage, héros mythique ou animal. La coutume est issue du XVIème siècle où l'on en trouvait fréquemment, du Portugal au Hainaut belge. Le Nord-Pas de Calais en est actuellement l'épicentre. On en trouve encore comme "la Tarasque de Tarascon", où en divers points d'Europe comme ceux dont nous venons de parler à Imst, en Afrique et même en Amérique latine.

Ce sont des personnages en armature d'osier, qui sont en général portés par plusieurs personnes et qui dansent. Leur poids est souvent considérable, certains atteignent près de 10 m de hauteur. Mais toute liberté existe. Le géant a une vie hors du carnaval, puisqu'il peut être baptisé, ou se marier par exemple, source de fête bien entendu ! Le géant a un métier, il représente une profession du village. Il est accompagné d'une cohorte d'animaux ou de personnages et de ses musiciens lorsqu'il est de sortie. On le fête à jour fixe selon sa commune, et il participe à des rassemblements et des cortèges, sous forme de ronde, la Ronde des Géants.

Dans la plupart des carnavals, les personnages de la fête sont brûlés à la fin du défilé. Il faut bien le dire, c'est même un moment fort du carnaval. Ici sacrilège ! Ils doivent vivre.

Tous ces carnavals et défilés ne doivent pas être confondus avec des festivités colorées et musicales, comme le Fasnacht de Bâle en Suisse, qui se déroule à la Mi-Carême.

Mais les traditions populaires, venant du fond des âges, sont pour Mardi Gras et Carnaval bien vivantes grâce au désir de fête, et s'internationalisent de plus en plus vite. Pour le moment, festoyons comme avant un carême !

Les fêtes par Nanou

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