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La Saint Valentin

Après en avoir appris assez sur la Saint Valentin, pensez à vous faire une petite cuisine d'amoureux.

Les origines de la date

Nous vous l'avions promis à propos de la Chandeleur, voici le moment de revenir sur ces fameuses Lupercaliae romaines. Les romains quelque peu ripailleurs on le sait, avaient fixé au 15 février ces festivités, entièrement tournées vers la fertilité, la fécondité, en bref l'Amour… Car, coïncidence ou non, c'est l'époque, au moins au centre de l'empire romain, où les oiseaux entament leurs parades amoureuses. En Gaule pourtant ils ne sont pas en reste, comme l'atteste le proverbe "A mi-février, bon merle doit nicher". Proverbe mieux adapté en tout cas que "A la Saint Valentin, tous les vents sont marins" !

Tableau illustrant les Lupercaliae romaines

Illustration des Lupercaliae

Bref, lupercales viendrait de Lupercus, dieu de la fécondité et aussi dieu des troupeaux, ou bien sûr plus directement de lupus, le loup. Car l'on n'oublie pas que Romulus et Remus, célèbrissimes jumeaux co-fondateurs de Rome, ont survécu grâce au sein d'une louve. D'après la légende de Romulus, cette louve qui venait de mettre bas pris sous son sein nourricier les deux enfants abandonnés à la crue du Tibre dans un panier, et portés là au pied de cette grotte du Monte Palatino, l'une des sept collines romaines, habitée par la louve. Cette adoption momentanée par le fauve nourricier et la vénération au dieu de la fécondité en ce lieu donna nom à la grotte, grotte du Lupercal. Rappelons que les deux frères alors alliés décidèrent de fonder une nouvelle ville au pied du Palatin. Nous sommes alors en 753 av. JC.

Les festivités qui en découlèrent à Rome étaient fixées au 15 février et célébraient donc la fertilité, avec bien entendu festins et orgies variées. Clou des festivités, la "course des luperques" autour du Mont Palatin ou se situe la grotte, au cours de laquelle les hommes fouettaient les femmes avec des lanières prélevées sur des bêtes égorgées, ce qui devait leur apporter fertilité et délivrance… sans douleur, ainsi immunisées sans doute.

Les lupercales aujourd'hui oubliées eurent la vie dure jusqu'au Vè siècle, où Rome déclinante, en passe devenir un amas de ruines, est devenue chrétienne et même capitale du monde chrétien, où siège le successeur de Saint-Pierre. Gélase 1er, 48è pape (eh oui, déjà) de 492 à 496, pilier de la primauté de l'église romaine et initiateur de la fête catholique de la Chandeleur, abolit aussi cette fête purement païenne en montant en épingle la fête la plus proche sur le calendrier des saints : Valentin. Mais qui était-il ce Saint, promu ainsi protecteur des amoureux ?

Les origines de valentin

Valentin vient probablement du latin valens, qui signifie plein de vigueur. Mais pas forcément plein de valeur ! Il est aussi intéressant de noter que "galant" et galantin" proches phonétiquement de notre "valentin" signifiaient à l'origine vif, bouillonnant. Il y aurait-il eu fusion et confusion de ces termes ? Et la galanterie désignait au XVIè siècle un acte de bravoure. Il y a de la vigueur aussi là-dedans ! Quant à galantine, cela viendrait de gélatine, d'une autre connotation…

Mais revenons au premier Valentin. Prêtre romain du IIIè siècle, Valentino (Valentinus en latin) a été martyrisé sous l'empereur Aurélien en 270 et devient San Valentino. Ce Saint a peut-être commis quelque miracle, mais rien n'atteste une relation directe avec ceux qui s'aiment. Valentino est aussi évêque de Terni, du côté de Rome en Ombrie, martyrisé et lui décapité à Rome en 273, sous Claude II. Avouons qu'il est difficile de savoir, à quelques années près, lequel peut revendiquer d'être notre Saint patron.

Par extension depuis le XVIIè siècle, un valentin est un heureux garçon choisi par une jeune fille. En un mot, le bien-aimé. Valentine est sa version féminine (il s'agit alors d'une martyre du début du IVè siècle et fêtée le 25 juillet). À noter la proximité de sens avec Philippine, qui viendrait de l'allemand Vielliebchen, ou bien-aimé.

À saint valentin dans l'indre…

La Saint-Valentin se fête traditionnellement depuis le Moyen-âge en Angleterre et semble-t-il en France, ou une jeune fille choisit son bien-aimé, son valentin. Et réciproquement si affinité. Et attention à la concurrence ! Les Catherine de la Sainte-Catherine précédente ne doivent pas se sentir en reste. On échange des billets doux sur la base "je serai ton Valentin, tu seras ma Valentine". Avec l'arrivée du printemps, les coeurs sont en émoi.

Saint-Valentin, petit village et paroisse de l'Indre actuelle, est aussi au XIIè siècle une seigneurie du Berry, entre Issoudun et Châteauroux. Aujourd'hui aussi sommet chilien ou modestes cités équatoriennes et autrichiennes, Saint-Valentin n'en demeure pas moins une bourgade berrichonne qui a donné leurs lettres de noblesse aux fiancés. On y fête le Saint à une époque où le printemps arrive, la nature se réveille, les coeurs se réchauffent, là encore le cycle du soleil est fortement à l'origine d'une coutume, le temps a passé mais notre perception de dame-nature n'a pas changé depuis les romains. D'ailleurs la fête des Brandons est encore vive dans de nombreuses régions, où les jeunes s'embrassent (et s'embrasent !) en fin d'hiver. Car le brandon est ce rameau de bruyère imbibé de matière inflammable qui sert à embraser les friches.

Position du village de Saint-Valentin

Position du village de Saint-Valentin, copie écran Google Map

En France, il est représenté en homme d'église, quelquefois évêque, à la manière de Saint Nicolas. Dans l'Indre les timides défilés d'antan ont fait place jusqu'à aujourd'hui à un rassemblement de fiancés international, avec bals, bénédiction, etc… depuis que la Saint-Valentin est devenue "fête des Amoureux" en 1965, immortalisée à cette époque par deux initiatives : le tirage de la Saint-Valentin de notre bonne vieille Loterie Nationale dans la capitale du Berry, à Châteauroux, et l'habitude que prît le dessinateur français Raymond Peynet, récemment disparu, de dessiner des cartes de voeux renouvelées chaque année. Comme ici cette place Fürstenberg à Paris que tous les amoureux parisiens se doivent de connaître…

place Fürstenberg à Paris

Place Fürstenberg à Paris, photo paris-a-nu.fr

…Et ailleurs

Un Valentin se doit au minimum d'offrir des fleurs à sa Valentine. Un peu partout la Saint-Valentin est devenue une fête commerciale, l'occasion d'échanger de menus ou gros cadeaux, ou en ville d'aller au restaurant ou au cinéma en amoureux. Dans les provinces françaises, la coutume a essaimé et s'est perpétrée depuis le Moyen-âge avec des variantes régionales.

En Autriche - à Sankt Valentin bien sûr - ont lieu des défilés dans les rues. En Allemagne on fête un autre Valentin, Saint Valentin de Rhétie, du Vè siècle. Il est représenté dans les églises comme le protecteur des enfants épileptiques, car il est censé guérir de cette horrible maladie.

En Angleterre, ou Roméo & Juliette ont toujours l'audience que l'on sait, on s'offre des coeurs en carton. En Amérique du Nord, des emails !

Et en France - rappelons-le.

Les grands films d'amour

Ils vous ont fait craquer. D'hier ou d'aujourd'hui, les histoires qu'ils racontent sont indémodables. Avez-vous remarqué que les grands films d'amour sont toujours accompagnés d'une musique dont on se souvient toute une vie ? Nous vous avons préparé des projections de photos (avec musique s'il vous plait) des plus grands films romantiques. Pour craquer encore une fois…

  • Autant en emporte le vent
  • Casablanca
  • Love Story
  • Docteur Jivago
  • Un homme et une femme
  • Titanic
  • Notting Hill
  • Pretty Woman
  • Ghost

Les amants célèbres

De Hélène et Pâris à Bonnie and Clyde. Qui étaient-ils vraiment ? Ils ont marqué notre histoire de leurs pas d'amoureux.

Depuis Adam et Eve - dont le rôle singulier n'aurait pas vraiment sa place ici - de la mythologie au cinéma d'aujourd'hui, nous les retrouvons bien vivants dans les grands films romantiques.

Mais tout-de-suite, les grands amants de l'histoire.

Helene et Pâris : les amants mythologiques (1190 av. JC.)

Hélène apparaît à plusieurs occasions dans la mythologie grecque. En général fille de Léda et de Zeus, elle était l'épouse de Ménélas, roi de Sparte. Enlevée par son amant Pâris, ces deux-là sont à l'origine de la guerre de Troie. Toute l'Antiquité s'est prise à rêver et à en rajouter sur les intentions d'Hélène selon les versions : maléfique selon Eschyle dans Agamemnon, manipulée par les puissances divines d'après Homère dans l'Iliade, fantôme de la vraie Hélène d'après Euripide dans son Hélène, et bien d'autres… En tout cas elle était porteuse de tous les canons de la beauté, ce qui a contribué à faire rêver jusqu'à nos contemporains : on la retrouve dans le Faust de Goethe par exemple ou dans La Belle Hélène bien sûr, de l'alsacien Offenbach. Pour finir par Jean Giraudoux en 1935, La Guerre de Troie n'aura pas lieu.

Les Amours de Pâris et d’Hélène, par Jacques Louis David, 1788, Huile sur toile

Les Amours de Pâris et d’Hélène, par Jacques Louis David, 1788, Huile sur toile

On y retrouve tous les ingrédients initiaux : Troie est une ville habitée par les troyens. Jusque là tout est normal. Mais le troyen Pâris a la mauvaise idée d'enlever la grecque Hélène. Les grecs (les fameux achéens en fait) attaqueront donc Troie si Hélène ne leur est pas rendue. Bien sûr chez les troyens on se divise entre pacifisme et guerre à tout prix. Demokos est de ceux-là et se fait pour cette raison assassiner par Hector, frère aîné de Priam. Mais sera exaucé à titre posthume car il prétendra dans son dernier souffle avoir été assassiné par un grec.

L'amour du couple, de l'Antiquité à ce théâtre du XXè siècle, est clairement un sujet important dans toutes ces mises en scène.

Troie a réellement existé. Des guerres y ont eu lieu pendant un millénaire, les traces ne manquent pas ! La "guerre de Troie" s'y est déroulée vers -1190 et a en fait duré dix ans. L'Iliade décrit seulement la dernière année de guerre. Ménélas et Pâris finissent par s'affronter en combat singulier sous les yeux - et pour les beaux yeux - d'Hélène, mais Aphrodite subtilise alors Pâris. Le poète Homère termine sur les lamentations d'Hélène.

Le cheval de Troie est décrit plus tard par Virgile dans l'Enéide. Ce cheval de bois est devenu symbole de l'infiltration en territoire ennemi !

Dans leur sillage, si l'on peut dire, Ulysse (né dans l'Iliade) et son épouse Pénélope feront aussi dans l'Odyssée d'Homère de forts beaux amants.

Heloïse et Abelard : les amants monastiques (1079)

Un amour fou qui tourne au délire, et Héloïse accède au rang de mythe.

Car ces deux amants ont eu une vie bien tourmentée par l'amour.

Héloïse est nièce du chanoine Fulbert, et a passé son enfance et son adolescence au couvent.

Abélard, fils de petite noblesse, est professeur de logique, philosophie et théologie, sa pensée lui valant d'être reconnu par ses pairs, il est célèbre. Il séduit son élève Héloïse et en a un fils Astrolabe. Le chanoine Fulbert les contraint bien sûr au mariage. Héloïse ne veut y contraindre Abélard. Ils s'exécutent mais gardent donc le sacrement secret, et Héloïse se retire au couvent à Argenteuil. Son oncle la croyant ainsi répudiée par son "amant", le fait émasculer ! Il entre en religion à Saint Denis, continue à enseigner et meure prématurément.

Héloïse et Abélard, supris par maitre Fulbert, Jean Vignaud, 1819

Héloïse et Abélard, supris par maitre Fulbert, Jean Vignaud, 1819

Religieuse et prieure, puis abbesse, Héloïse oppose avec fierté et de façon osée pour l'époque (nous sommes en plein Moyen-âge…) l'amour au mariage, dans les missives adressées à son époux. Cette correspondance brûlante reste un sommet de la déclaration d'amour.

Une forte personnalité cette Héloïse. De là sa position romantique emblématique, reprise par Jean-Jacques Rousseau dans Julie ou la Nouvelle Héloïse en 1761 par exemple. Héloïse fera transférer le corps de son époux près d'elle, et le rejoindra dans la mort quelque vingt ans plus tard.

Romeo et Juliette : les amants eternels (1594-95)

En pleine Renaissance élisabéthaine, les Montague s'opposent au Capulet. Shakespeare écrira un sommet de l'amour cruel entre ces amants impossibles. Ils se marieront, les amants de Vérone, et de nombreux compositeurs seront tentés de décrire en musique ce drame : Berlioz en symphonie colossale, plus tard adaptée en ballet par Maurice Béjart, Gounod en opéra en 5 actes, Tchaïkowski en plusieurs pièces. D'ampleurs toutes différentes. Prokofiev au XXe siècle écrira des musiques de ballet.

West Side Story est une sorte de transcription par le grand Léonard Bernstein de l'œuvre de Shakespeare dans la vie américaine. À l'inverse, une adaptation cinématographique de 1996 nous montre les États-Unis d'aujourd'hui transférés dans le monde élisabéthain. Film tourné dans l'anonymat par un certain Leonardo Di Carpio avant Titanic, et qui a bénéficié depuis du succès énorme de ce film, présenté en rubrique les grands films romantiques. Même si Vérone n'est pas Los Angeles, les spécialistes objectifs s'accordent à penser que "malgré" son succès éclair, Leonardo Di Caprio est réellement un grand acteur.

Samson et Dalila : les amants manipulés (1877)

Tout droit sortis de l'Ancien Testament, ces amants-là ont été révisés à la sauce de l'époque. C'est un opéra qui tire sur l'oratorio (où l'on prie en chantant et inversement) en raison de ces racines bibliques. Comme pour les amants suivants, il est question pour Saint-Saëns de l'impuissance de l'homme face à la femme. Sujet qu'il traite aussi dans le Rouet d'Omphale, où un certain Hercule, demi-dieu de son état, s'inclinera devant une femme. Dalila est une femme fatale et Samson attiré malgré lui par cette forte femme. L'œuvre créée en Allemagne par Franz Litzt en 1877, fera un flop à sa "sortie" en France, où le livret rappelle trop l'ambiance de 1870, malgré des teintes musicales superbes et un long duo d'amour considéré comme un sommet.

Bonnie & Clyde : les amants diaboliques (1934)

Photo de Bonnie et Clyde

Finie la poésie. Bonnie Parker et Clyde Barrow vont terrifier à juste titre l'Amérique des années 30. Bonnie est séduisante à défaut d'être belle. Clyde est dit-on un gars faible et pourtant donnera tristement son nom au "Barrow gang". Le gang qui tue de sang-froid. Car petits braqueurs, haineux des lois, inspirés par Jesse James, ils ne verront d'autre choix pour échapper à la police que de tuer. Un jeu du chat et de la souris qui n'a d'autre issue que la mort à laquelle nos desperados se savent condamnés ensemble, ou au moins Bonnie à elle seule. Faye Dunaway au cinéma portera le rôle de Bonnie de manière terrifiante.

Serge Gainsbourg leur consacra naguère une partition qui commence ainsi :

Vous avez lu l'histoire
de Jesse James
comment il vécut
comment il est mort
ça vous a plus hein
vous en d'mandez encore
et bien
écoutez l'histoire
de Bonnie and Clyde, Bonnie and Clyde, Bonnie and Clyde…

Pour finir, prenons l'air avec une poésie aérienne de notre bon Charles Beaudelaire :

Le vin des amants

Aujourd'hui l'espace est splendide !
Sans mors, sans éperons, sans bride,
Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féerique et divin !
Comme deux anges que torture
Une implacable calenture,
Dans le bleu cristal du matin
Suivons le mirage lointain !
Mollement balancés sur l'aile
Du tourbillon intelligent,
Dans un délire parallèle,
Ma soeur, côte à côte nageant,
Nous fuirons sans repos ni trêves
Vers le paradis de mes rêves !

Les fêtes par Nanou

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- Sem.
Mété à Salon-de-Provence, selon Weather Underground

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